‹ A wolf bite, please ›
Lanalia & Llywellyn
Charlie n'était pas très bien ce soir, je suis donc resté avec elle, on a regardé la télé et parlé un peu de sa mère, ma sœur. Elle m'a dit qu'elle avait des regrets, qu'elle ne lui avait pas dit qu'elle l'aimait le jour où elle est morte et qu'elle lui manquait. Perdre sa mère à douze ans... une période difficile de l'enfance, c'est injuste... Ceci dit, je crois pas qu'il y ait un âge juste pour perdre sa mère. Ou n'importe quel proche. J'ai vingt-huit ans et j'imagine que la souffrance est la même pour moi que pour mon frère de trente-quatre. Mais on vengera notre sœur, bien-sûr, ça je ne le dis pas à Charlie, je ne veux pas lui donner un exemple si négatif, car je sais que c'est mal, mais ce besoin de vengeance est vitale. Enfin bref, la petite est finalement allée se coucher à 21h30, je l'ai embrassé et je lui ai dit que si elle ne voulait pas aller en cours le lendemain, je lui ferais un mot d'absence. Est-ce que je suis un bon tuteur ? J'en doute parfois, mais c'est une gamine studieuse et je m'assure qu'elle fasse bien ses devoirs, alors loupé une journée de cours parce qu'elle déprime à cause de la mort de sa mère, j'estime que ce n'est pas si grave. Enfin tout ça a été pesant, j'ai besoin de me changer les idées. Je vérifie que tous les volets et que la porte de derrière sont bien fermés. Oui, je vais sortir et laisser Charlie seule, mais vu l'heure, je serais rentré dans une heure à cause de ce foutu couvre-feu. Je ferme bien la porte d'entrée et je monte dans ma voiture.

J'ai besoin de m'éloigner un peu, mais pas trop, j'arrive donc dans le centre-ville. Je me gare près du Café Lowry, bien content que la radio s'arrête, merci, mais les one direction, j'en ai ma claque, les bébés rockeurs c'est pas mon truc, mais, selon Charlie, Harry est trop mignon... Bah écoute, il est peut-être mignon, mais il fait de la musique de merde ma puce... nan je lui ai jamais dit ça, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas... mais j'en pense pas moins. Bref, j'entre dans le café et l'assois au niveau du comptoir à côté d'une charmante jeune fille, à en juger par sa consommation, elle doit être majeure donc j'ai le droit d'envisager des choses non ? On va dire que je confirme le cliché que les mecs ne pensent qu'avec leur pénis, mais j'ai besoin de me changer les idées et entre adultes responsables et majeur, je vois pas en quoi cette idée peut poser problème. Je commande un Cuba libre et me tourne vers elle. « Salut, t'attends quelqu'un ou je peux te faire la conversation ? » Je souris, je sais pas si c'est ringard, mais c'est spontané. Ceci dit, j'ai l'air sûr de moi, je suis plus un ado de quinze, je vois pas où est le mal d'aborder une nana mignonne et je n'ai pas essayé de la violer que je sache. Après, il y a des filles qui voient tout de suite le mal, genre "je suis trop bien pour toi", dans ses cas là, c'est pas la peine de s'acharner, mieux vaut pas passer son chemin.

‹ A wolf bite, please ›
Lanalia & Llywellyn
La jolie blonde se tourne vers moi après avoir fini son verre, je souris, amusé, à ses paroles. À croire que mon timing est parfait. J'hausse un sourcil alors qu'elle prend mon verre pour boire une gorgée. Elle ne manque pas de culot et je ne dis pas ça de façon péjorative. Elle pourrait très bien être une profiteuse qui cherche juste à se faire payer des verres, je crois que je serais bien obligé de m'incliner, force de constater que je me suis fait avoir. Après tout, au jeu des relations humaines, on ne peut pas toujours gagner. Elle me tend sa main en se présentant sous le prénom "Lanalia", c'est joli, ça sonne un peu féerique. Je serre délicatement cette main qui m'est offerte. « Llywellyn » On n'est pas là pour faire de l'orthographe alors je lui passe les détails de l'écriture farfelue de ce prénom que les gens écrivent généralement "lywelyn" lorsqu'ils l'entendent.

Je fais donc signe au barman et en attendant que celui ait fini de s'occuper de la commande qu'il gère actuellement je reprends la parole. « Tu sais que tu viens de m'offrir un baiser indirect. » Je rétorque de façon amusée, je ne sais pas si elle fait partie de ces gens qui connaissent cette expression / cette idée, mais vu le peu que son comportement laisse paraître, j'imagine qu'elle ne se vexera pas à cette idée. Je bois une gorgée de mon Cuba Libre pour appuyer mes paroles et le barman arrive. « Une boisson pour Lanalia, s'il vous plait. » Je la laisse commander ce qu'elle veut, je trouve très impoli ces mecs qui se permettent au nom de celle à qui ils offrent une consommation. Je sais que pour ma part, ça ne me ferait pas vraiment plaisir qu'on m'impose quoi boire. Une fois que la jeune femme est à nouveau servie, je reprends la parole. « Heureusement que je suis arrivé à temps pour que tu ne meurs pas de soif. » Je prends un faux air héroïque pour accentuer mes propos qui sont, bien sûr, dit avec humour.

‹ A wolf bite, please ›
Lanalia & Llywellyn
« Et alors ? » Me répond-elle. Je ris légèrement en entendant cette remarque. Au moins, je ne suis pas tombé sur une pénible qui s'offusque au moindre truc. Ce n'est pas plus mal, je n'ai pas envie de me prendre la tête ce soir. Quoi qu'il en soit, elle commande la même chose que ce qu'elle avant, j'en déduis que c'est peut-être son cocktail préféré, on est sans doute beaucoup à avoir un cocktail de prédilection, ce qui doit être normal, en boisson et en bouffe, on saute sur l'occasion lorsqu'on peut se faire plaisir. Elle entre finalement dans mon jeu, encore un bon point, elle ne se prend pas trop au sérieux, c'est tout à son honneur. Parfois, un peu d'humour et de folie, ça fait du bien, je ne pense pas être le mec le plus drôle de la ville, mais quand on vit d'un métier comme le mien, ça fait du bien de se changer les idées, de prendre un moment pour dire des conneries. Elle rit et pose finalement sa main sur mon bras tandis que mon sourire ne s'affaibli pas. Je ne relève pas, ça fait trop beauf de faire des remarques sur ce genre de geste (selon moi). Mais je pense que j'ai un ticket pour ce soir... c'est prétentieux et je peux me tromper, mais elle a l'air de rechercher la même chose que moi. En tout cas, je n'imagine pas qu'elle soit à la recherche du prince charmant, pas dans ce genre d'endroit.

« Oh j'imagine qu'un autre brave gaillard serait venu te sauver.  Ce ne sont pas les mecs héroïques qui manque dans ce genre d'endroit. » Je ris et prends quelques secondes pour observer les gens autour de nous. En fait, il y a surtout des mecs en bandes ou des piliers de bar, moins de nana que de mecs... C'est un schéma habituel, mais il ne faut pas se leurrer, les mecs qui sont là, même entre pote, espèrent toujours (ou presque) choper le numéro d'une file mignonne (et celui de ses amies au passage). Je noircis peut-être le tableau, mais je suis homme et je sais qu'on est parfois con, même si on n'a pas le monopole de la connerie, on excelle dans le domaine. « Je me demande ce qui pousse une jeune femme seule à venir se perdre dans ce genre d'endroit. Et en même temps, je suis mal placé pour faire des remarque, je suis venu tout seul aussi. » Je ris, mais je suis curieux. Sans vouloir jouer les mecs étroits d'esprit, les filles sortent souvent en bande et plus rarement seule... c'est triste à dire, mais quand on voit que certains osent dire qu'une fille qui se fait violer c'est parce qu'elle l'a mérité, ça ne donne pas envie de laisser sa soeur, sa fille, sa nièce, sortir seule le soir... S'il y avait moins de connard, pourquoi pas... mais hélas, le monde est con et une jolie fille n'a pas le droit de se plaindre d'être importuné par les mecs si elle est trop sexy, trop belle, trop seule... parfois, je me dis qu'on a beau avoir la capacité du langage et de réfléchir, on est pire que certains animaux.