You wanna be high for this.

Lutter pour ne pas s'endormir, ouvrir grands les yeux, étouffer un bâillement. C'était une routine qu'il avait prise le temps de l'assimiler et que désormais, il savait exécuter malgré ce qui l'entourait. Fermer les paupières ne serait-ce que quelques minutes serait certainement suffisant pour reprendre sur ce qu'il avait perdu.. quoiqu'il avait un jour entendu que le sommeil que l'on perdait ne pouvait pas être retrouvé, alors soit, il grinçait des dents et continuer à endurer un cours qu'il n'avait même pas souhaité étudier. L'histoire n'était pas un domaine qui l'intéressait, pas le moins du monde malgré tout, il s'était fait la promesse silencieuse de venir tous les saints jours pour lesquels il avait signé. Bien entendu, s'il avait été fait pour les études voilà bien longtemps qu'il aurait eut un réel métier, aurait arrêté de vivre dans un appartement miteux qu'il payait grâce aux toiles diverses qu'il vendait. Mais c'était ça son truc, carpe diem, le jour suivant ne lui importait que s'il avait l'occasion d'en faire quelque chose, de pouvoir le savourer. Peindre lui plaisait et le choix avait été vite fait lorsque les études supérieures s'étaient présentées à lui.. il était nullement question d'aller s'ennuyer sur les bancs d'une école, aussi renommée pouvait-elle être clamée. Il embrassait sa liberté comme une aimée, laisser ses coups de crayon lui dicter ce que son esprit affolé pouvait réellement penser. Lorsqu'il s'adonnait à ce loisir qui était devenu son revenu pour vivre, il se laisser guider par des pulsions plus volages que ce que le corps pouvait lui donner. C'était l'évasion, quelques traits de peinture qui sublimaient les toiles originellement vierges qu'il s'efforçait, non pas d'égayer, mais par lesquelles il tentait de communiquer des songes que la société barricadait. Par contre, il savait qu'elle encourageait vivement l'apprentissage et ça lui passait complètement au-dessus de la tête, bien qu'il gribouillait quelques lignes sur un calepin usagé malgré le fait que son attention était entièrement focalisée sur Keith. Il se fichait des mots qu'il prononçait, des dates qu'il citait.. Sa présence résidait dans l'engagement de venir l'enquiquiner. 

Droit, trop droit qu'il était lorsqu'il enseignait et ça amusait le brun à un point qu'il ne saurait pas exprimer. Quel était le putain de paradoxe qu'abritait ce type ? Un foutu drogué qui se disait sain lorsqu'il était dans une université ou dans un lycée.. la partie où il restait clean pour son fils, Virgil pouvait bien le comprendre mais là.. non, il avait le besoin de lui rappeler qu'il n'était pas cette façade assurée qu'il renvoyait à l'auditoire. Alors dès que leurs regards se croisaient, une lueur traversait ses prunelles céruléennes qui renvoyaient toute la moquerie dont il était question. De toute manière, son attitude indécente n'allait pas être pénalisée. Il était tout ce qu'on ne pouvait pas punir et ça l'exaltait. Il était relativement jeune, insouciant lorsqu'il le souhaitait, intouchable et dans ce cas précis, il n'était pas un étudiant que l'on pouvait virer. Finalement, l'heure de fin arriva et ce fut avec nonchalance qu'il resta assis, ne daignant même pas regarder les quelques tablées se vider avec hâte. Comprendre les étudiants n'était pas compliqué en cet instant, le crépuscule venait de tomber ce qui annonçait une douce soirée à dîner, à vaquer.. à se lâcher. Lâchant un soupir tandis qu'il faisait glisser ses affaires dans son sac, Virgil se redressa avant de descendre les quelques marches qui le séparaient du bureau, posant délicatement le bout de son fessier sur la surface plate tandis qu'il ancrait la grisaille de son regard sur son ami. Bien entendu, c'était une énième étiquette qu'il devait se fixer alors qu'il avait toujours aimé outrepasser les règles de conformité. Sauf que c'était une limite qu'il respectait, étrangement, malgré les quelques piques qu'il ne savait pas s'empêcher de lancer.

- Monsieur.

Commença-t-il, la sériosité accrochée aux traits malgré la furieuse envie de sourire narquoisement. Cependant, il glissa une main dans ses cheveux déjà indomptés avant de continuer.

- J'avais une question pour vous. Vous savez, le genre typiquement professionnel.

Se mordillant la lèvre, il abandonna toute trace maniérée avant que la commissure ne se relève d'une manière moqueuse. Il n'avait pas envie de s'attirer les foudres de Keith, déjà que sa venue ne se basait que sur l'envie de l'embêter.

- Ca te dit de sortir ce soir ? Boire un coup ou.. ce que tu veux.

crackle bones

You wanna be high for this.

La fin de ma journée arrivait presque, je débitais la fin à vitesse grand V, je savais bien qu'à la seconde où la sonnerie retentirait, les élèves disparaîtrait encore plus vite qu'un steak face à un lion affamé. L'histoire de l'Angleterre du seizième siècle ne les intéressait pas? Soit! Mais qu'ils ne viennent pas se plaindre lorsqu'ils seront interroger sur cette époque durant leurs partiel! Moi je m'en fout ce n’est pas moi qui suis noté! Et puis je connais l'histoire, c'est ma passion...après mon fils et mes drogues! En parlant de ça j'ai pu remarquer qu'un invité surprise somnolait dans mon cours! J'avais bien envie de crier un "Virgil! Si ça ne t'intéresse pas tu peux toujours dégager!!'' En plus je suis sûr qu'il va m'empêcher de bosser ce soir! J'ai des cours à préparer  moi! J'ai une vie, un boulot un vrai!

Bon il faut avouer que je n’étais franchement pas sûr de vouloir préparer mes cours, ni même corriger les copies, en plus demain je bosse au lycée... ça c'est moche! Mais bon j'ai besoin d'argent! Même si grâce à mon pouvoir je pourrais très bien ne rien payer! Je ne suis pas aussi mauvais que ça, même si ça m'arrive de temps à autre de partir sans payer, en général je paie! Enfin bon passons! Apres une journée de bons et loyaux services envers l'éducation, la sonnerie me délivrait de toute  responsabilité envers mes élèves, j’entendais tout les étudiants se ruer vers la sortie, pendant que j'éteignais l'ordinateur et rassemblait mes fiches, j'entendais des pas qui se dirigeait vers moi puis une voix.

-Monsieur.

Evidemment, il fallait qu'il vienne lui! Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir me trouver comme idiotie à dire. Je commençais à bien le connaître celui là !

-Oui Virgil? je t'écoute!

Contrairement à lui, j’écoute les autres moi ! En général du moins. Il avait dans sa voix ce petit air narquois. Il s’apprêtais à sortir une idiotie, et il en était fier !

-J'avais une question pour vous. Vous savez le genre typiquement professionnel.

OH oui je n'en doute pas! C'est bien son genre de poser des questions sérieuses!

-ça te dit de sortir ce soir? Boire un coup Ou ce que tu veux?

J'avais raison ce soir encore je n’allais pas passer la soirée avec mon fils! Ni même à bosser! Ce mec allait me faire perdre mon boulot! Mais comment lui dire non?

-très professionnel comme question! Et comment refuser une proposition aussi tentante! Par autre chose t'entends quoi? Ecstasy? Weed? Cocaïne?

J'étais plutôt content d'avoir quelqu'un avec qui m'amuser! Mes amis étaient rares, ceux avec un penchant pour les drogues...En fait il était le seul! Il faut dire que trouver des gens avec qui planer, ce n'est pas toujours facile! Quand tu rencontres quelqu'un lui demander si c'est un camé n'est pas franchement la première chose que tu fais! Il faudrait être fou ! Je serais déjà en prison, et mon frère m’aurait retiré la garde de mon fils si j’agissais comme ça ! J'avais enfin rassemblé toutes mes affaires prêt à partir!

-Bon allons-y! Allons se bourrer la gueule! et oublié les emmerdes de la vie!

je souriais à Virgil avant de quitter la salle. Dieu merci la journée était finie, j'allais pouvoir oublier mes élèves!

You wanna be high for this.

Un bruit étranglé s'était échappé de ses lèvres rosées, sa signification relevant certainement plus de la moquerie plutôt que du choc résultant de l'entente de ces quelques mots. Virgil savait que Keith n'était pas la personne la plus raffinée, pour l'avoir maintes fois côtoyé au cours de différentes occasions, il pouvait très facilement affirmer qu'il était l'une de ces personnes auxquelles le statut de professeur ne collait pas malgré la droiture dont il faisait preuve lors de ses interventions. Mais l’ouïr dire ça en plein amphithéâtre avait son petit côté comique, rien que le fait de se tenir là, à attendre la réponse qu'il espérait tant être positive relevait de l'ironie. S'il avait été du genre à rire, il l'aurait fait. Aux éclats, laissant alors un fou-rire d'une façon délicatement cristalline, comme lorsqu'il était jeune. Sauf qu'il ne riait plus, il ne l'avait plus fait depuis des années et ce n'était pas cette situation qui allait le dérider au point de se laisser bêtement aller. Ce blocage émotionnel lui était désormais flou depuis qu'il avait usé de son propre don sur sa personne mais c'était pour le mieux, pour se protéger. Mais avait-ce réellement de l'importance ? Merde après tout, il venait de l'inviter à boire un verre.. parce qu'ils étaient de foutus. Il n'était pas le genre à avoir des amis, préférant se faire détester plutôt qu'aimer, à repousser les limites que les relations occasionnaient. S'attacher, c'était courir à sa perte, dépendre de l'opinion et de la sympathie et il exécrait le sentiment que cela pouvait renvoyer. Malgré tout, Keith était différent et il était l'unique personne qu'il pouvait qualifier de proche.. Parce qu'il était un sacré idéal, un nouveau défi qu'il pouvait se lancer. McAvery, c'était le charme écossais dont toutes les nanas rêvaient, un foutu modèle du parfait hétéro qui se complaisait à élever son gosse au-delà de l'infidélité qui l'avait poussé à divorcé. Ou à simplement rompre, ça n'avait pas d'importance. Et ça, le brun le convoitait. Toucher l'intouchable, se donner des objectifs. Tout avait meilleur goût lorsque le mot interdit était posé dessus.

- Oh vas-y, crie le plus fort pour que tes patrons puissent te virer et m'expulser du campus.

Il arqua un sourcil, manquant soigneusement d'évoquer le fait que quand bien même des gens les entendraient, il était très probable pour que cette conversation reste leur secret. La mutation était aussi fascinante qu'handicapante lors de jours comme ceux-ci où certains humains lambda s'étaient mis en tête de les traquer. Prononcer le mot pouvoir c'était jouer avec la mort, ne pas être certain de pouvoir respirer suffisamment pour baragouiner une explication plausible quant aux faits d'avoir parlé d'un sujet si fâcheux. Il n'aimait pas vivre dans la crainte sauf qu'en attendant d'être plus puissant, ou d'être plus certain de son coup, il minimisait l'évocation d'un code génétique complètement changé.
Après avoir hoché la tête, il avait suivi Keith hors de la salle, ses doigts glissant dans son sac pour vérifier qu'il n'avait rien oublié dans la salle. Il n'était pas certain de revenir avant un bon bout de temps puisqu'il avait obtenu ce pour quoi il était venu et, avec un sourire parfaitement innocent, il reposa son regard sur le blond tandis qu'ils arrivaient sur le parking.

- On prend ma moto. Je n'ai pas envie de mourir si tu conduis.

Déclara-t-il sans même lui laisser réellement le choix, lui tendant un casque. D'ordinaire il n'aimait pas conduire ou quoique ce soit, sa bécane restant tranquillement dans un coin alors qu'il se baladait à pieds. Sauf que cette soirée était spéciale et qu'il ne pouvait pas laisser s'échapper la délicate occasion d'avoir Keith derrière lui.

crackle bones

You wanna be high for this.

Être dérangé au boulot par Virgil, même si techniquement, c’était la fin de ma journée, je l’avait vu somnoler dans mon cours et ça m’avais perturbé. Enfin bon, il y’a largement pire comme dérangement, mon ami était venu me propose un verre que j’avais accepté, le jour ou moi Keith McAvery refuserais un verre n’était pas arrivé ! Je veux mourir une bière à la main entouré des gens que j’aime ! Ouais je veux qu’ils me voient mourir, je suis quelqu’un d’adorable ! Enfin bon, je parlais donc avec Virgil de ce que nous allions faire ce soir, si ce n’est qu’un verre, ou si nous allions prendre des substances plus illégales.

- Oh vas-y, crie le plus fort pour que tes patrons puissent te virer et m'expulser du campus.

Comme si quelqu’un allait entendre cette conversation, tout le monde s’est enfuit ! et puis quand bien même si quelqu’un les entendait il ne pourrait rien dire, je l’en empêcherait, je n’hésite pas à me servir de mon pouvoir à mon avantage. Certains pourraient dire que c’est immoral, et que je ne respecte pas la vie privée des gens, et ils auraient bien raisons de dire ça mais le ferait ils eux ? Respecter la vie privée, s’ils avaient ce pouvoir ils feraient comme moi ! Et puis Virgil aussi pourrait utiliser son pouvoir, leurs effacer la mémoire et les réduire à l’était de légume, tel un T-rex piétinant un brocoli.

-Quoi tu as peur pour ça ? Personne ne nous entend ! LA PIECE EST VIDE !!

Je criais dans l’amphithéâtre avant de me diriger vers la sortie suivit de Virgil, j’aurais eu l’air bien con s’il y avait eu quelqu’un ! Enfin bon, nous quittions l’université.

- On prend ma moto. Je n'ai pas envie de mourir si tu conduis.

Hey ! Je conduis très bien ! J’ai jamais écrasé quelqu’un, ni même un animal, ce qui, dans le font, m’aurait beaucoup plus chamboulé ! Les humains sont plutôt chiants en général. Et puis si on me donnait la possibilité d'écraser l'assassin de ma sœur, croyez moi je repasserais dessus plus d'une fois!

-Hey ! J’ai même mon permis de conduire en état d’ébriété ! Je suis le meilleur conducteur du monde !

Enfin bon, je prenais le casque que mon ami me tendait, et m’asseyait derrière, lui agrippant le cul de la moto, plutôt que sa taille. C’était beaucoup moins facile de tenir comme ça, mais me serrer contre Virgil ne m’enchantais pas vraiment ! La moto à deux n’était pas franchement ma passion, surtout avec un mec. Enfin passons ! Nous arrivions enfin au bar, j’avais mal aux cuisses et aux mains, j’avais fournit un effort trop important, mais le jeu en valait la chandelle, maintenant nous allions pouvoir boire, et en plus c’est lui qui m’invitait ! J’entrais dans la bâtisse et commandais un verre de scotch pour me rappeler de mes racines écossaises. Je me tournais vers Virgil

-Vodka et Smirnoff ? Pour te rappeler le pays froid d’où tu viens ?

Je souriais à ma propre connerie, le charrier sur ces origines m’amusait. On s’était bien trouver, nous avions tout deux un humour de merde.

-Tu sais qu’à cause de toi, je vais ne pas pouvoir préparer mes cours ce soir ?...Merci !

Quelle meilleure excuse à donner à ses élèves que « bon oui j’étais supposé préparer vos cours, mais un pote m’as emmener boire et maintenant j’ai la gueule de bois » pas sûr que le directeur apprécie grandement la chose. Enfin ? j’improviserais, vivons donc dans l’instant présent !

You wanna be high for this.

Avec un éternel sourire suffisant, Virgil avait conduit non sans relever la distance de sécurité qu'avait imposée Keith. Il était la première personne à lui résister, non pas qu'il se considérait comme un dragueur invétéré, mais les quelques gars qu'il avait réussi à faire monter sur sa moto n'avaient jamais réfléchi quant au fait de le tenir lui plutôt que de risquer la mort en tombant. Ce cher professeur était-il effrayé à l'idée d'être si proche d'un autre homme ? Il avait été tenté de le lui demander, de pousser des limites qu'il semblait imposer pour garder la relation qu'ils avaient. Amis. Très franchement, même en tentant d'être extraverti et d'aller à la recherche de chaleur humaine.. il avait du mal à percevoir ce qu'un aussi simple mot pouvait expliquer. Ce qu'il pouvait signifier. L'amitié était un mythe au même titre que l'amour, la société actuelle banalisait les échanges que deux individus entretenaient dans l'unique but de les étiqueter. C'était animalier et le principe lui échappait, sachant qu'aucun être sur cette Terre n'était digne de confiance. Il était fourbe, égoïste, et cela ne l'avait jamais empêché d'avancer puisque jamais au grand jamais il ne s'était attaché. Poser des bases impliquait l'attache personnelle, aussi minime était-elle, pour apprécier quelqu'un il fallait obligatoirement mêler des sentiments. Et il se l'interdisait. Sauf que McAvery était différent. Différent au point de lui faire renoncer le jeu auquel il jouait depuis des années.

Posant son casque sur le comptoir et ses fesses sur le tabouret, il fronça ses sourcils tandis que ses yeux lançaient des éclairs à l'égard du blond. Ses racines étaient sacrées.. D'ailleurs plus que des racines, il se considérait bien plus russe qu'anglais, ne sachant même pas ce qu'il foutait dans une ville aussi paumée. Le côté maternel, la vie moins bridée, l'accent chantant que les habitants avaient. Ça changeait des paysages enneigés et des règles strictes qu'on lui avait enseignées néanmoins, il ne crachait pas sur le sang qui coulait dans ses veines et son poing vint mollement s'abattre sur l'épaule de Keith. Frapper pour la forme malgré qu'il retrouvait le petit sourire qu'il aimait si bien porter.

- Pochol na houille. Je n'ai pas besoin d'alcool pour me rappeler d'où je viens.. contrairement à toi sale épave.

Les mots avaient roulé doucement après qu'une lueur amusée se soit allumée dans la grisaille de ses prunelles. Rares étaient les fois où il s'autorisait à parler dans sa langue natale, sauf que pour les insultes, c'était toujours drôle. S'humectant les lèvres il avait levé ses doigts pour signifier qu'il prendrait la même chose que Keith, déportant finalement son attention du barmaid pour le regarder, arquant les sourcils tout en lui offrant une mine faussement désolée.

- Je suis sûr que ça va leur briser le cœur de savoir que leur petit prof adoré n'a pas eut le temps de penser à eux. Et puis, tu n'es pas censé être prêt genre, à chaque semaine ? Ce n'est pas sérieux tout ça.. et autant t'avouer que je n'y suis pour rien si t'es un peu trop porté sur la bouteille.

Il haussa lentement une épaule, comme si ça expliquait tout. Dans le fond, il aurait pu refuser mais ils étaient là, ensemble, à attendre que les verres arrivent. Ce n'était pas dans sa nature de s'en vouloir, du moins, la dernière et seule fois où il avait eut un poids sur la conscience s'était retrouvée effacée. Parce qu'il ne pouvait pas vivre avec des responsabilités, qu'il préférait les fuir plutôt que d'avoir à les affronter malgré que sa grande gueule s'ouvrait à chaque fois qu'il y avait quelque chose à dénoncer. Mais qui s'en souciait ? Ce n'était que mineur, il n'allait par exemple jamais s'opposer à la traque qui s'était déclarée contre les gens comme eux. Lâche, très certainement.. il appréciait plus le terme épicurien.

- Mais arrêtons de parler cours, ça me donne mal à la tête. T'aimes peut-être ton boulot mais c'est pas trop mon cas.

crackle bones

You wanna be high for this.

Les bars étaient un peu comme une seconde maison pour moi, l'alcool était mon compagnon, qu'il m'arrivait de tromper avec les différentes drogues que je consommais à l'occasion. Le scotch, ça c'était la vie ! Mon alcool de choix ! Probablement parce que je suis écossais d'origine, et que c'était la boisson qui ne manquait jamais chez mes parents ! Je faisais une blague foireuse sur les origines de mon ami avant de me recevoir un léger coup dans le bras. Heureusement que le russe n'était pas susceptible, sinon, il aurait probablement vider un chargeur de kalach sur moi.

-Pochol na houille. Je n'ai pas besoin d'alcool pour me rappeler d'où je viens.. contrairement à toi sale épave.

Aucune idée de ce qu'il venait de dire. J'avais toujours un accent écossais dans le fond de ma voix, et il m'arrivait de le reprendre complètement et dans ces cas là personne ne comprenait la totalité de ce que je disais, mais je parlait tout de même anglais. Lui il se mettait carrément à m'insulter en Russe, enfin, il à très bien pu dire que j'étais le dieu de se monde et que tout le monde me vénérais je n'ai rien compris alors, je ne peux pas vraiment juger, mais venant de Virgil, une insulte semble plus probable...ce mec à raté sa vocation, il aurait dû être camionneur ! Et puis comment ça j'avais besoin d'alcool pour me souvenir de mes origines ? C'est pas quelque chose que j'oubliais facilement ! Et puis l'alcool est supposer faire oublier pas le contraire ! Et je suis pas une sale épave ! Non mais oh ! Je suis pas bourré H24 je vais jamais en cours bourré, avec la gueule de bois je dis pas, mais pas bourré ! Y a pire que moi, mon frère en voit tout les jours des gens bourré à toute heure de la journée ! Le russe fit un signe au serveur pour qu'il lui apporte également un scotch.


-Je suis sûr que ça va leur briser le cœur de savoir que leur petit prof adoré n'a pas eut le temps de penser à eux. Et puis, tu n'es pas censé être prêt genre, à chaque semaine ? Ce n'est pas sérieux tout ça.. et autant t'avouer que je n'y suis pour rien si t'es un peu trop porté sur la bouteille.


Il y'a bien une de mes élèves qui pourrait gueuler pour ça, j' ai rarement eu des élèves qui aimaient les cours autant qu'elle, s'en est même chiant. Je déteste les madame je-sais-tout surtout que j'ai souvent raison face à elle même quand elle essaie de me prouver part a plus b que Marie Antoinette n'était pas mariée à Louis XVI. J'exagère un peu, mais tout de même vivement la fin de l'année que je ne l'aie plus celle là !

-Avoue que t'es bien content que j'aime boire ! Ça te fait un compagnon de beuverie ! Et puis pour ce qui est de la préparation de mes cours j'y vais souvent en free-lance, mais il faut quand même que je corrige les copies...ce qui en soit est une bonne raison de boire quand on voit ce qu'ils marquent.

C'est vrai que quand je fini mes correction, le coma éthylique est très attrayant ! Quand je lit que la guerre du golf s'est déclencher à cause de Tiger Woods, il est vrai que la bouteille m'appelle.

-Mais arrêtons de parler cours, ça me donne mal à la tête. T'aimes peut-être ton boulot mais c'est pas trop mon cas.

Pauvre chou, un petit peu de culture générale et ça y' est il à bobo à la tête. Au moins mon boulot me rapporte un bon salaire régulièrement ! Le serveur nous déposa nos deux boissons. Le scotch était pour moi l'équivalent de l'hydromel..

-De quoi veux tu parler ? De Vodka ? de Poutine ? Ou de l'origine des chapka ? Tout ça, ça te connais non ?

J'esquissais un sourire, les blagues pourries sur les clichés, je ne connaissais que ça !

-Blague à part...Sur qui vas tu jeter ton dévolu ce soir ? Le serveur ? Ou un des mecs assis à l'autre bout du comptoir ?

Et moi ? Pendant qu'il allait draguer je ne sais quel mec une fois bourré, il allait falloir que je me trouve une cible aussi !J'allais pas finir la soirée tout seul quand même ! Demain, j'irais en cours avec les même vêtements, et une gueule de bois et j'allais pouvoir utiliser mon pouvoir pour faire croire au directeur que je sans la rose et non pas l'alcool, idem pour mes élèves. D'ailleurs, mon verre était déjà vide, et je ne m’étais même pas rendu compte de l'avoir bu, je faisais donc signe au serveur de me resservir la même chose.

You wanna be high for this.

Étouffant le début d'un rire dans le verre qu'on venait de lui servir, Virgil inclina légèrement la tête sans se départir de l'observation de l'énergumène qui se tenait à ses côtés. Il aurait bien aimé le remballer, lui dire que les fois où il était sorti seul pour rentrer accompagné étaient nombreuses et que ce n'était pas son éclatante présence qui allait le réjouir au point de danser de joie. Parce qu'il pouvait lui balancer ça, la compagnie d'un ami l'indifférait assez pour que parfois, lorsqu'il sortait avec des gens qu'il avait rencontrés, il en venait à les oublier pour parler à d'autres personnes. En changeant de continent il avait réussi à s'éduquer seul, à trouver sa voie sans l'aide de rien ni personne alors ce n'était pas la beuverie d'un soir emplie de solitude qui lui ruinerait le moral. Cependant, il ne pouvait pas nier qu'avoir Keith assis à côté de lui était quelque chose qu'il appréciait alors il préférait passer sous silence la réponse qu'il aurait pu lui fournir ou celle qu'il lui donnerait, se contenant d'hocher mollement la tête lorsqu'il remettait les cours dans le sujet.

- Oh, je suis certain que les établissements doivent tous te vouloir et les gamins t'apprécier, incroyable. Ça ne m'étonne pas que leurs connaissances soient à chier quand on voit ce qu'ils se tapent comme professeur.

Railla-t-il avant de finir d'une traite le scotch qu'il avait commandé et qui finalement, n'était pas une si bonne idée. D'ordinaire il n'était pas compliqué sauf que la gorgée qu'il venait de terminer était mal passée.. Surtout qu'il devait se modérer puisqu'il conduisait après. Il était irresponsable, pas complètement idiot alors soit, il acceptait le fait qu'en plus de payer les boissons, il ne pourrait même pas finir bourré puisqu'il allait devoir les ramener sains et saufs. Poussant doucement le verre vide pour que les suivants soient amenés, il leva les yeux au ciel, se retenant de le frapper. Vraiment, les origines étaient sacrées et bien qu'il était russe, ce n'était pas des trucs qui l'intéressaient.. D'où il les sortait ses putains de clichés ?

- Tu sais ce qui me connaît aussi ? Les armes. T'as jamais entendu parler de mes talents d'assassin ? Parce que ça ne me dérangerait pas de te les montrer.

Déclara-t-il froidement avant de rire légèrement, se mordillant la lèvre inférieure avant de le regarder avec pré-occupation. C'était une question qui demandait peut-être réflexion, même si son dévolu avait été jeté sur un homme depuis quelque temps déjà. Celui-là même qui était assez crétin pour lui parler de ses futurs plans-cul, quelle agréable attention était-ce là, et aussi surprenant que cela pouvait-il paraître, il préférait ne pas coucher avant d'avoir eut ce qu'il voulait. C'était un peu comme tricher et la seule option envisageable était de le remporter, pas le serveur, ni les quelques idiots tapis dans le coin, lui uniquement. Sa bouche s'ouvrit lentement tandis qu'il daignait tout de même regarder les garçons que McAvery avait mentionnés pour finalement secouer la tête, s'approchant lentement de lui.

- Tu sais.. je ne suis pas vraiment sûr que tu veuilles l'entendre Keith. Ils ne m'intéressent pas.

Susurra-t-il à son oreille qu'il mordit légèrement tandis que le bout de ses doigts glissaient lentement sur sa cuisse. Moqueur, il se recula tout en le regardant avec un air de défi dans les yeux. Jouer, finalement ce n'était pas une habitude qu'il souhaitait perdre et au contraire, la conserver lui plaisait. La télépathie était un bien joli pouvoir et c'était fort dommage qu'il n'en avait pas hérité avant de lui montrer ce qu'il désirait. Mais enfin, un hétérosexuel ne supporterait certainement jamais des images comme celles-ci, ainsi se contenta-t-il d'attraper le verre à nouveau rempli pour le faire tourner entre ses mains.

- Et toi alors ? Parce que dans mes souvenirs.. enfin dans les tiens, tu es bien plus du genre à aller voir à droite et à gauche que moi. Et bordel, t'as vraiment des goûts de merde, il y a bien mieux que les femmes.

crackle bones

You wanna be high for this.

Un russe et un écossais dans un bar, on pourrait faire des blagues, les clichés sur ces deux nationalités ne manquaient pas. Virgil venait de dire que j'étais un prof pourri, je ne lui répondais pas, je savais que j'étais un bon prof, la preuve quatre-vingt-dix pour-cent de mes  élèves ont au minimum la moyenne au bac. Je suis un excellent professeur, on devrait me remettre une médaille ! Enfin bon, je me suis assez lancé de fleur pour la soirée. Il avait raison, il était temps d’arrêter de penser aux cours.  Je blaguais une nouvelle fois sur sa nationalité, ça lui apprendra à dire que je suis un mauvais professeur.

-Tu sais ce qui me connaît aussi ? Les armes. T'as jamais entendu parler de mes talents d'assassin ? Parce que ça ne me dérangerait pas de te les montrer.

La réputation des russes était assez drôle, c'est vrai, dans l'esprit commun russe est égal à assassin. Ils peuvent dire merci aux blockbusters Américains pour ça ! Combien de fois a-t-on pu voir un américain sauver le monde face à un méchant soviétique qui voulait en prendre le contrôle ? Si quelqu'un se mettait à compter, il y passerait l'éternité !

-Oh oui, bien sûr tous les russes sont des assassins ! Tu veux me tuer ? Je t'en pris essaie donc ! Mais juste comme ça...Ne suis-je pas ton seul ami ?

Après ça, je regardais brièvement tout les hommes du bars, avant de demander à mon ami sur lequel il allait jeter son dévolu. Grossière erreur de ma part. Si j'avais su ce qu'il allait faire après que j'ai dis ça, je me serais probablement tu. Il s'était approcher de moi et avait murmuré :

-Tu sais.. je ne suis pas vraiment sûr que tu veuilles l'entendre Keith. Ils ne m'intéressent pas.

Oh mon dieu ! MAIS QU'EST-CE QU'IL FAISAIT ?? Il me mordit légèrement l'oreille, et ses doigts étaient sur ma cuisse. Je regardais droit devant moi, essayant tant bien que mal de gérer ma respiration. Quel abrutit ! Je serrais le poing, mes ongles s'enfonçaient dans ma paume, et je faisais tout pour ne pas bouger. Je hais ce mec ! Il s’écarta un air moqueur sur le visage ! Ce n'était qu'une blague ? Si j'avais des blague digne de carambar jusqu'à présent, lui en faisait de très mauvais goût. Le serveur était arrivé et avait remplit les verres, tant mieux ! J'attrapais la boisson et en buvait une gorgée, bien que j'aurais pu l'avaler cul-sec.

-Et toi alors ? Parce que dans mes souvenirs.. enfin dans les tiens, tu es bien plus du genre à aller voir à droite et à gauche que moi. Et bordel, t'as vraiment des goûts de merde, il y a bien mieux que les femmes.

Hey ! Qu'il arrête de fouiller dans mes souvenir ! En plus, je n'ai pas eu que des histoires avec des femmes, même si sur toutes les personne avec qui j'ai couché, je ne compte que deux hommes, ça compte quand même ! Et puis les femmes sont plus facile à gérer ! Je balançais la tête en arrière.

-J'ai eu des aventures avec des hommes ! Et sache que les goûts et les couleurs ne se discutent pas !

Il avait cassé tout mon groove avec ses conneries ! J'ai une règle d'or, je ne couche pas avec mes amis. La seule fois où j'ai brisé cette règle, ça s'est très mal fini, et depuis, j'ai un fils. Même si ce genre d'aventure n'arriverait pas avec Virgil...Biologiquement, c'est impossible. Mais les histoires de cul entre amis...ça finit toujours mal, il n'y a que dans les films que ça se passe bien ! Et qu'est-ce qu'il veut d'abord ? Une vraie relation ou juste du cul ? Non mais parce qu'il sait très bien qu'avec moi, la première option est raté d'avance ! Putain, j'avais envie de partir, rentrer chez moi, prendre les premiers trucs que je trouverais dans mon bureau ecstasy, cocaïne, peut importe, mais je voulais partir et oublier ce qu'il venait de se passer. Virgil sérieusement ! Pourquoi n'avais tu pas simplement répondu le serveur ? Je n'arrivais pas à le faire sortir de ma tête ! J'ai l'impression d'être à la place de ses gamine dans les films pour ados qui ne savent pas ce qu'elles doivent faire et qui vont donc demander conseil à leur meilleure amie...Le problème est que mon meilleur et unique ami est la cause de mon problème.

-RRRAAAAh !

Je me redressais sur ce grognement, et finissait mon verre cul-sec, appelant pour être resservit ! Je veux oublier ce qu'il vient de se passer ! Si seulement je pouvais utiliser mon pouvoir sur moi, pour me convaincre que rien de tout ça ne s'est réellement passer. Je n'arrivais même plus à le regarder. Il faut que je me reprenne et maintenant ! Il était hors de question que j'admette que tout ce que j'avais en tête pour le moment, c'était le russe.

- y'a bien une femme dans le coin que je pourrais me faire...

Je pointais du menton une petite blonde, que je pensais seule, enfin, jusqu'à ce que son copain se ramène.

-Et merde...

You wanna be high for this.

Tandis que l'un de ses sourcils parfaitement dessinés s'arquait, Virgil avait légèrement secoué la tête pour signifier qu'il était hors de question qu'il ne le tue. C'était incroyable de constater que même les anglais avaient la sale habitude de s'accrocher aux clichés, n'étaient-il pas censés être ouverts d'esprit ? D'incarner à eux seuls l'intelligence, l'humour et la compréhension d'autrui ? Il semblerait qu'à chaque fois qu'il dévoilerait ses origines, un petit malin se ferait un plaisir de l'embêter, surtout qu'il était loin d'être un tueur. Narquois, taquin, il était doté de bien des vices, certains plus viscérales que d'autres néanmoins, il était bien trop las de ce qui l'entourait pour que l'idée de frapper une autre personne ne l'effleurait. À la question qu'on lui posait, ses lèvres se pinçaient légèrement avant qu'il ne daigne hausser les épaules avec une indifférence sans nom. Il ne souhaitait même pas le considérer comme un ami, la simple chose qu'il désirait était de l'avoir dans son lit.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

Demanda-t-il et bien que les mots semblaient tranchants, ils n'en demeuraient pas moins interrogatifs. Il n'y avait là aucune hargne, pas la moindre once de colère ou de susceptibilité dans sa voix, juste l'envie de connaître ce que pensait Keith à ce sujet puisqu'à son contraire, il n'avait pas la chance de pouvoir s'infiltrer dans les pensées. Leurs dons avaient beau partager quelques similarités ils n'en demeuraient pas moins différents et jamais au grand jamais, il ne pourrait entendre les songes auxquels il s'adonnait à son plus léger mécontentement sur l'instant. Il aurait aimé entendre ce qui se tramait dans cette petite tête après qu'il ait été touché, surtout qu'il en avait lui même profité. S'ils n'avaient pas été si exposés il aurait poussé les choses plus loin, très certainement avec un baiser dans la nuque tout en glissant son corps contre le sien, néanmoins ils étaient dans un bar et les verres venaient à peine de s'enchaîner. La patience était une vertu dont il se serait passé et en attendant d'avoir l’occasion rêvée pour passer ses doigts entre les mèches dorées qu'il tirerait avec amusement. McAvery était véritablement tout ce qui avait de plus enviable, même s'il semblait un peu con sur les bords et qu'il n'était probablement pas la personne qu'il lui fallait, une soirée ne les engagerait à rien. Les prétextes pouvaient être nombreux pour pouvoir jouir de ce ventre plat et dessiné, de ses yeux bleus dans lesquels il se noierait volontiers.. Riant légèrement, il trempa ses lèvres dans la nouvelle tournée qui venait d'arrivée avant d'incliner légèrement la tête.

- Effectivement. Sauf que deux pauvres hommes dans ta vie ne changent rien. Tu devrais en essayer davantage, ils sont de bien meilleurs amants que les quelques poulettes déjà casées sur lesquelles tu tentes de te rattraper.

Il observa délicatement la blondinette qui venait de retrouver son petit-ami avant de finalement se lever pour marcher doucement dans leur direction. Il ne saisissait pas réellement pourquoi il avait fait ça néanmoins, quelques battements de cils et de belles promesses plus tard, il revenait silencieusement vers son ami sans pour autant se remettre à la place qu'il avait initialement. Se posant derrière lui, il glissa ses mains avec douceurs sur les épaules de son aîné, se penchant en avant pour venir murmurer.

- J'ai obtenu son numéro. C'est amusant parce qu'elle a l'air d'écarter les jambes plutôt facilement malgré la présence de son soi-disant copain.

Comme pour appuyer ses propos, il fit glisser le papier entre deux de ses doigts tout en s'asseyant à nouveau, sa peau effleurant celle de Keith lorsqu'il ramenait son bras pour le poser. Lorsqu'il avait un objectif en tête, rien ne pouvait l'arrêter, surtout lorsqu'il comprenait qu'une ouverture s'était doucement profilée. Le brun n'avait peut-être pas la chance de pouvoir se glisser dans ses songes sauf qu'il avait l'expérience de plusieurs années à draguer et à observer. Ce qu'il voyait pour le moment était un pauvre écossais fort apeuré des choses qu'il ressentait par un simple contact et s'il ne se faisait pas violence pour conserver cette apparence si sérieuse de négociateur hors-pair, il sourirait.

- Alors dis-moi. J'ai besoin de savoir quelque chose et en échange, en fonction de ta réponse, je te donnerais ça pour que tu puisses joyeusement la sauter. À quoi est-ce que tu penses Keith ? Parce que j'aimerais tellement te montrer ce qu'il se passe dans ma tête.

Il s'humecta consciencieusement les lèvres avec lenteur avant de se les mordiller, ses prunelles allant se planter dans celles de son interlocuteur.  

crackle bones

You wanna be high for this.

Virgil ! Pourquoi fallait-il que ce mec fasse parti de ma vie ? S'il y a bien une chose que les drogues m'ont apportées dont je me serait bien passé, c'est lui ! Je savais bien que ce que je pensais là était faux, mais putain, cet enfoiré aurait dû la fermer !

-Effectivement. Sauf que deux pauvres hommes dans ta vie ne changent rien. Tu devrais en essayer davantage, ils sont de bien meilleurs amants que les quelques poulettes déjà casées sur lesquelles tu tentes de te rattraper. 

MAIS TAIS TOI ! Mais qu'il arrêtes de dire ce genre de choses putain ! Rester calme. Toutes mes forces s'épuisait là dedans ! Ne pas m'enfuir, ne pas péter un câble, juste agir normalement ! C'était ma seule mission, à laquelle j'échouais malgré mes effort. Me faire draguer par une femme, ça va je gère, ce n'est pas un problème ! Mais part un homme, par Virgil. Toi ! je ne gère pas du tout ! Qu'il sorte de ma tête ! J'essayais de le sortir de ma tête en disant que j'allais aller faire un tour du côté de la blondinette assise au bar, avant que celle-ci ne soit rejoins par un homme, mon plan avait brillamment échoué, le sort était contre moi ! Soudain Virgil se mit à avancer vers elle. Mais qu'est-ce qu'il allait faire encore ? Il revint, et se mit gentiment à me murmurer qu'il avait obtenu son numéro. Mon dieu, qu'est qu'il allait faire ? Que quelqu'un me vienne en aide ! Il s'était rassit, et souriait, et honnêtement, je savais que j'aurais dû courir !

-Alors dis-moi. J'ai besoin de savoir quelque chose et en échange, en fonction de ta réponse, je te donnerais ça pour que tu puisses joyeusement la sauter. À quoi est-ce que tu penses Keith ? Parce que j'aimerais tellement te montrer ce qu'il se passe dans ma tête. 

Dès le début de sa phrase, j'avais su que j'étais bloqué. Savoir ce que je pensais ? Je pense que je le hais ! Voilà ! Ce n'est pas le sort qui est contre moi, c'est juste cet abruti de russe ! Il vient pas de Russie, il vient de l'enfer ! C'est le fils de Satan, j'en suis sûr ! Qu'est-ce qu'il croyait ? Que parce qu'il me draguait, j'allais lui sauter dessus, qu'on allait passer une nuit torride et rester potes ? ON EST PAS AU PAYS DES BISOUNOURS ICI ! Jouer avec les sentiments des gens comme ça c'était cruel ! Et le fait qu'il soit russe n'est aucunement une excuse. Et c'est quoi ce coup de «j'aimerais tellement te montrer ce qu'il se passe dans ma tête. »  Je veux pas savoir ! Je me fait une vague idée et je ne veux rien savoir ! Déjà deux verres d'alcool, il était trop tard pour utiliser mon pouvoir ! C'est injuste ! Quoique, je pourrais utiliser mon pouvoir, saignement de nez, malaise et le tour est joué, ça me donne une excuse pour ne pas lui répondre !

-Je...

Non, j'étais incapable de construire une phrase ! Trois options s'offraient à moi, la première, utiliser mon pouvoir pour le faire changer d'avis en soit c'était risqué, mais bon, ça ne serait pas la première fois que je risquerais ma vie, deuxième option, obtempérer, ce qui, j'en était sûr, mettrait un terme à notre amitié, et enfin troisième option, courir, prendre ma petite famille, et partir en écosse ! Mais cet abrutit serait capable de retrouver. Et puis, pas sûr que je le batte en course à pied. J’inspirais et soufflais un grand coup, j'avais l'impression de jouer ma vie là dessus, prendre le sérum avait était bien plus facile.

-Je te hais voilà ce que je pense ! Mon seul et unique ami me drague, et ça me rend fou ! Je ne veux pas perdre ça, et si il se passait quelque chose entre nous, c'est exactement ce qui arriverait ! J'ai enfin trouvé quelqu'un comme moi, avec qui je peux être franc, et putain Virgil, pourquoi je voudrait sacrifier tout ça ? On est pas juste deux inconnus qui peuvent coucher ensemble et ne jamais se revoir ! Je ne suis même pas sûr que maintenant je puisse encore voir un ami en toi, pourquoi fallait-il que tu fasses ça !? J'aimerais pouvoir dire que je te déteste et que ce soit la vérité et pas l'exact opposé !

Ok, au final, j'avais réussi à utiliser mon pouvoir, lui faire passer mes pensées n'avait pas été compliquer -même si au fond, je lui avait plus parlé par télépathie- mais, ce n'était qu'une utilisation simple, et je savais bien que je n'aurais pas pu faire quelque chose de plus poussé comme le convaincre qu'il n'avait rien dit, ou je ne sais quoi. Et cela avait été bien plus simple que de sortir ne serait-ce qu'un son de ma bouche dans l'espoir de former un mot, puis une phrase. Enfin bon, et maintenant qu'est ce qu'il se passe hein ? Je part en quête d'un nouvel ami qui sera capable de me supporter ? En avoir trouvé un n'avait pas été chose facile, mais un deuxième, c'était une mission pour Ethan Hunt, autrement dit, impossible.

You wanna be high for this.

Et cette fois-ci, Virgil riait. Un léger tintement cristallin qui brisait le silence résultant des paroles télépathiques de Keith bien qu'il aurait dû être tétanisé, brisé d'entendre ce genre de choses tandis que l'autre se défilait. Il n'avait même pas le courage le prononcer à voix haute pour la simple et unique raison qu'ils étaient aussi lâches l'un que l'autre, bien qu'il avait le mérite de ne pas se cacher derrière un pouvoir qu'une seringue lui avait donné lorsque l'heure était aux confidences. Le plus amusant était certainement qu'il ne lui avait rien dit, rien dévoilé sans pour autant entièrement se cacher. Il n'avait suffit que de simples gestes, aussi malheureux et infimes étaient-ils, pour lui faire perdre la tête et il ne pouvait pas s'empêcher de s'en amuser. Pas parce qu'il était un enfoiré, comme beaucoup de monde aimait le penser. Mais parce qu'il comprenait facilement ce que ça annonçait, McAvery n'étant pas le premier à complètement disjoncter lorsque le moment s'offrait. Hochant la tête sans pour autant se départir du contact visuel qu'il avait instauré, il s'était levé calmement tandis que du bout des doigts, il jetait un billet froissé sur le comptoir du bar. Qu'importait la fin de cette soirée, il était certain que la tournée était terminée puisqu'aucun cas ne laissait imaginer qu'ils allaient être aptes à s'asseoir à nouveau pour discuter du petit monde en avalant joyeusement quelques gorgées. C'était fini. Fini depuis qu'il avait commencé à le draguer bien que ça n'avait fait que commencer.

Gracieusement, il avait attrapé le poignet du plus vieux. Sans le serrer. Sans le brusquer. Son attention n'était nullement de le blesser, il avait juste besoin de l'entraîner dans un endroit un peu plus retiré pour qu'ils soient coupés du brouhaha persistant d'une salle pleine d'humains. D'humains lambdas qui avaient l'unique don de se mêler de la vie d'autrui et il lui était impensable d'être interrompu en pleine négociation. Du moins, c'était un bien grand mot puisque ce petit discours aurait dû mettre fin à toute illusion. Il ne s'en était jamais bercé, même lorsqu'il peignait pour s'évader, il gardait en tête que la réalité était toujours une toute autre chose que la pilule que l'on essayait de vous faire passer. Rien n'était beau, rien n'était délicat, il n'y avait que la dureté qui menait le monde dans lequel ils vivaient ainsi n'avait-il jamais cru à l'utopie d'une relation. Ni avec celui qu'il embarquait, ni avec quiconque. Sauf qu'à cet instant, il avait envie d'espérer, de croire que tout ce qu'il pourrait déballer suffirait à faire changer les bêtes pensées qu'avait Keith.

Lentement, il plaqua le dos de son ami contre le mur, son avant bras glissant fermement sur sa clavicule pour le maintenir. C'était rustre mais ça valait ce que ça valait, surtout qu'il avait l'air trop hébété pour comprendre ce qu'il se passait alors, il tentait comme il le pouvait. Le métal de ses yeux allant rencontrer à nouveau l'océan qu'il aimait tant, le brun commença.

- Écoute-moi bien parce que contrairement à toi, je sais me servir de ma bouche. C'est bien joli de me déballer tout ça mais est-ce que tu oserais me le redire, là, maintenant, alors que je suis en face de toi ? Je vais éviter de te dire que, surprise, tu n'as en aucun cas refusé. Tu sais ce que ça sous-entend ? Que tu ne me rejettes pas. Que au fin fond de cette petite tête, derrière ta fausse haine et tes bons sentiments, tu me veux autant que je te veux. Ca serait faux de te dire que je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ta vie, sauf que ça va me servir à t'avouer que oui, je suis complètement différent de ce que tu as déjà vécu. Que ce n'est pas un soir qui changera ta vie ou la mienne pour que du jour au lendemain, on s'éloigne. Justement, penses-y. Ça pourrait être une bonne expérience. Il n'est pas question de sacrifice ou de confiance perdue, ce n'est pas parce-qu'on couchera ensemble que je ne pourrais plus être ton ami Keith. J'ai raison et tu le sais, il fallait que je le fasse parce que.. bon dieu, t'es con ? Tu es désirable. Alors soit, redis-moi que tu ne veux pas de ça, que mon corps contre le tien ne te donne pas envie d'aller plus loin et que si tu en as besoin, j'efface tout ça de ta petite cervelle pour qu'on puisse parler à nouveau de tes putains de cours d'histoire.

Il avait légèrement incliné sa tête, inspirant longuement après avoir sorti plus de mots qu'il n'en avait jamais dits d'une traite tout en étant sincère. Que de premières, ça l'aurait peut-être fait rougir s'il en était capable sauf que dans l'immédiat, il ne pouvait se focaliser sur rien d'autre que sur la réponse qui lui serait donnée bien que l'embrasser sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit était tentant.  

crackle bones

You wanna be high for this.

Merde ! J’étais complètement gêné, et si j’avais eu suffisamment de forces dans les jambes pour courir, je l’aurais fait. Honnêtement, je ne savais même plus ce qu’il se passait autour de moi, il y aurait eu un dragon rose portant un costume de clown qui serait entré dans le bar, je ne m’en serais pas rendu compte ! Il n’y avait plus rien dans ma tête, c’était le noir complet. Lorsque je revins sur terre, j’étais plaqué au mur, Virgil en face de moi, m’empêchant de m’enfuir. Comment est-ce que j’étais arrivé là ? La réponse était plutôt évidente : Virgil. Qu’il aille crever cet enculé ! Je le déteste !

- Écoute-moi bien parce que contrairement à toi, je sais me servir de ma bouche. C'est bien joli de me déballer tout ça mais est-ce que tu oserais me le redire, là, maintenant, alors que je suis en face de toi ? Je vais éviter de te dire que, surprise, tu n'as en aucun cas refusé. Tu sais ce que ça sous-entend ? Que tu ne me rejettes pas. Que au fin fond de cette petite tête, derrière ta fausse haine et tes bons sentiments, tu me veux autant que je te veux. Ca serait faux de te dire que je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ta vie, sauf que ça va me servir à t'avouer que oui, je suis complètement différent de ce que tu as déjà vécu. Que ce n'est pas un soir qui changera ta vie ou la mienne pour que du jour au lendemain, on s'éloigne. Justement, penses-y. Ça pourrait être une bonne expérience. Il n'est pas question de sacrifice ou de confiance perdue, ce n'est pas parce-qu'on couchera ensemble que je ne pourrais plus être ton ami Keith. J'ai raison et tu le sais, il fallait que je le fasse parce que.. bon dieu, t'es con ? Tu es désirable. Alors soit, redis-moi que tu ne veux pas de ça, que mon corps contre le tien ne te donne pas envie d'aller plus loin et que si tu en as besoin, j'efface tout ça de ta petite cervelle pour qu'on puisse parler à nouveau de tes putains de cours d'histoire.

Oh mon dieu ! Sérieusement, la fuite aurait été une meilleure solution ! Pourquoi je n’étais pas parti en courant ? Maintenant, c’était trop tard, Virgil me bloquait. Pourquoi me faisait-il ça ? Je ne me reconnaissais plus, je suis habituellement si confiant, mais là j’avais perdu tous mes moyens. Ce mec…Il est complètement stupide ! Il ne comprend pas ! Non je ne le rejette pas, et putain, oui je le veux ! Et c’est bien joli de dire que coucher ensemble ne changera rien à notre amitié, pour lui c’est peut-être vrai, mais je sais que j’en serais incapable. Je ne dis pas que je suis éperdument amoureux de cet abruti, mais je sais que je ne le voudrais plus comme simple ami. Je…vais vouloir plus ! Et s’il y a bien quelque chose que j’ai appris sur Virgil, c’est que les relations, ça ne lui dit rien ! Et qui plus ais, je suis un maître dans l’art de foutre en l’air les relations amoureuses.

- je ne te hais pas, loin de là ! Aussi, Je ne peux pas te dire que je ne veux pas ! Parce que, oui tu as raison ! Mais, je ne peux pas coucher avec toi et juste continuer à te voir comme un simple ami ! Je suis supposé avoir une règle d’or : ne jamais coucher avec les amis ! Ça te paraît peut-être stupide, mais je ne suis pas comme toi ! Coucher avec quelqu’un et faire comme s’il ne s’était rien passé, lorsque ce quelqu’un se trouve être un abrutit fini comme toi, et ben je ne sais pas faire !

Putain, mon cœur allait exploser ! Ce mec allait finir par me tuer ! Et cette envie de courir, le plus vite et le plus loin possible qui se faisait ressentir de plus en plus ! Mais pas sûr que j’irais loin, je ne savais même si mes jambes allaient pouvoir me maintenir debout encore longtemps ! Et son idée de me faire oublier tout ça me paraissait plutôt tentante ! Garder mon ami, et oublier cet instant gênant ! Mais d’un autre côté, ne pas savoir ce qu’il de se passer, ne me paraît pas être la bonne solution…

You wanna be high for this.

Lentement, ses pupilles se dilataient lorsqu'il entendait les mots sur lesquels il avait presque tiré un trait. Comme quoi, ne jamais renoncer pouvait avoir du bon et enfin, Virgil avait la plus petite preuve que quelque chose pourrait se passer. En outrepassant les règles et les limites, ça n'était pas un problème, il n'avait jamais réellement aimé les respecter bien qu'il avait tenté. Tenté de se conduire normalement tout en appréciant une autre personne pour la première fois en trente ans. Tenté de rejeter toutes les pensées qui pouvaient l’affubler lorsque Keith était dans le coin. Peut-être pouvait-il tenter de le lâcher et de reculer, lui laissant la chance de mettre cette histoire risible derrière eux, claquer des doigts et lui retirer chaque trace de cette soirée. Ou bien au contraire, lui implanter de faux souvenirs, c'était à sa portée puisque contre à lui, il n'avait aucun mal à se servir de ses dons sans jouer avec sa santé.. En apparence. Les nuits qu'il passait à ne pas rejoindre les bras de Morphée, à crier et à suer lorsque le passé des autres venait bousculer la paisible continuité de ses songes amers. Il avait besoin de se débarrasser de tout ça, de jeter toutes les merdes que sa tête avait malencontreusement stocké puisqu'il doutait revoir les personnes auxquelles il s'était frotté. Détruire la vie d'autrui n'avait jamais été un problème.

Expirant doucement, ses sourcils se fronçaient alors qu'il prenait une mine renfrognée. Allait-il un jour apprendre à se taire ? Au moins dire un truc raisonné, n'était-ce pas là le boulot des professeurs ? La sainte parole ou au moins, une once de bon sens dans ce qu'ils racontaient. Sauf que plus McAvery tentait de se justifier, plus ça lui semblait absurde pas gagné gagné. C'était l'incohérence, l'inconfiance, les mots que l'on jetait pour se soustraire à ce qui semblait s'apparenter à de la torture. Et à peine fut cette tirade finie qu'il se pencha pour l'embrasser, son avant-bras tombant pour lui laisser la chance de le repousser si besoin en était. Il n'allait pas tout faire contre sa volonté, sachant pertinemment qu'il avait déjà été bien plus loin qu'il n'aurait dû aller sauf que c'était trop tentant. Trop bon. Oh oui, Keith sentait bon et ses lèvres avaient un goût que jamais il n'oublierait. C'était doux malgré le léger relent alcoolisé, une fine teinte sucrée qu'il mordilla tout en se reculant totalement, préférant rester dans la neutralité plutôt que de continuer à le taquiner.

- Ne me demande pas d'être désolé, parce que je ne le serais pas. De quoi est-ce que tu as peur exactement ? Que si on couche ensemble, tu ne vas plus pouvoir te passer de moi ? Putain, comme tu le dis je suis un abruti fini, pas la personne avec laquelle on finit sa vie Keith.

Il glissa ses doigts entre quelques mèches brunes indomptées, préférant se taire. Qu'avait-il de plus à lui dire ? Qu'il avait prétendu jusqu'alors de ne pas se soucier d'une relation longue durée mais que cette bonne résolution était terminée ? Qu'il n'était même pas certain lui même d'y prendre goût ? Il n'oserait pas se lancer, trop buté et concerné par la petite existence qu'il menait mais.. pour une fois, il doutait. N'étant pas sûr d'une histoire sans lendemain sans repenser à ce qu'il s'était passé, sans vouloir continuer.  

crackle bones

You wanna be high for this.

Si on m’avait demandé de faire un choix entre revivre le jour où mon ex m’avait quitté car je la trompais, ou devoir subir cette situation encore une fois, dieu sait que je choisirais d’affronter la furie avec qui j’avais procréé.  Entre les assiettes qui me volaient dessus et son poing qui s’écrasait sur ma joue puis son genou sur mon entrejambe, et la situation actuelle, il n’y avait pas photo ! Je détestais la façon dont je me sentais. Perdu, confus.  Et je venais de dire la vérité, pure et dure ! Si j’avais été du genre à pleurer, je l’aurais probablement fait. Et puis vînt le baiser. J’étais surpris, même si venant de Virgil, ce n’était pas si étonnant. Lorsqu’il s’écarta j’étais déçu, presque triste. J’en voulais encore, je voulais plus.

- Ne me demande pas d'être désolé, parce que je ne le serais pas. De quoi est-ce que tu as peur exactement ? Que si on couche ensemble, tu ne vas plus pouvoir te passer de moi ? Putain, comme tu le dis je suis un abruti fini, pas la personne avec laquelle on finit sa vie Keith.

Je le déteste, je ne sais même pas combien de fois je m’étais répéter cette phrase depuis que monsieur Virgil avait décidé qu’il me draguerait. Je le faisais sûrement pour me convaincre que c’était la vérité. Pour me protéger.  Je savais que cette histoire n’allait pas me lâcher ! Du moins, pas de sitôt ! Au moins, j’avais dans mon bureau le moyen d’échapper à tout ça ! Oublier  un court instant, ou ne plus m’en soucier au moins !

Qu’est-ce qu’il croyait ? Que je planifiais déjà de passer le restant de mes jours avec lui ? S’installer ensemble, avoir des enfants – même si je ne suis pas sûr dans vouloir d’autre-  les regarder grandir?  Planifier des vacances au bord de la mer, et faire des repas de famille tous les dimanches ? Je suis exactement comme lui ! Je ne suis pas le genre de  mec avec qui on fait tout ça !

Je venais de perdre mon meilleur ami, je n’aurais plus rien de lui ! Si ce n’est éventuellement l’amant d’un soir, mais à quoi bon ? ça serait juste triste…plus pour moi que pour lui apparemment, puisqu’il n’a pas l’air de penser la même chose ! Les campagnes de préventions contre les drogues devraient utiliser ce mec ! Avec pour Slogan « en allant chercher vos drogues, vous pourriez tomber sur un abruti qui va vous retourner la tête, et ce ne sera pas marrant du tout ! »  Ça marcherait mieux que de montrer des photos trash des effets des drogues sur la santé !

-Oui j’en ai peur ! Et je ne tiens pas à risquer ça ! De plus, ce n’est pas comme si les relations et nous ça fonctionnait !  Et je suis désolé de ne pas pouvoir appuyer sur le bouton off de mes sentiments  contrairement à toi! Je suis désolé si coucher avec toi me paraît être une erreur ! Mais bon, après tout ce n’est pas comme si il restait quelque chose à sauver, si ce n’est me préserver de ce que je vais ressentir quand la nuit sera finie ! Je ne suis pas toi ok ?

Je commençais à comprendre ce que ressentais les nanas que j’avais lâché comme si elles n’étaient rien qu’une distraction. Alors c’est ça l’effet que ça fait ! Être un morceau de viande aux yeux d’autrui ne me plaît pas ! Je préfère lorsque les rôles sont inversés ! J’étais passé de la confusion à l’énervement ! a quelque chose près, j’étais en train de passer par les différentes étapes du deuil…Putain ce que je suis pathétique ! On dirait vraiment une ado dans un film romantique, je n’arrive même pas à savoir contre qui je suis le plus énervé. Virgil ? Ou moi-même ?

You wanna be high for this.

Sur l'instant, Virgil se perdait malgré que l'alcool qu'il avait consommé ne l'avait été qu'en très petite quantité. Ses émotions se confondaient, son fil de pensée se déformait et il continuait bêtement de fixer Keith après qu'il l'ait embrassé. C'était idiot mais il avait envie de hurler, de déverser toute la frustration qu'il contenait et d'éclaircir ce qui clochait. Parce que bordel, il devait forcément y avoir un truc qui ne tournait pas rond chez lui pour qu'il agisse de cette façon, pour qu'il daigne gâcher le semblant d'amitié qu'ils avaient au profit d'une nuit à se chevaucher. Il doutait, revenait mentalement sur ce qu'il avait pensé et exprimé parce que quelques paroles le retournaient. Sauf qu'il ne se laisserait pas avoir, il savait ce qu'il voulait, ce qu'il valait et jamais il n'avait renoncé alors pourquoi ce soir ? Pourquoi avec Keith alors qu'il représentait tout ce qu'il désirait ? Est-ce que ce petit con était en train de jouer avec sa tête pour qu'il soit aussi désorienté ? Non. Il n'avait même pas été capable de parler correctement quelques minutes auparavant alors il y avait peu à parier qu'il était en train de le détraquer. Et ça le dégoûtait, faisait remonter la bile de son foie parce qu'il savait d'où les doutes venaient. Les sentiments, le temps qu'il avait pour y penser parce que sieur McAvery était en train de le repousser mollement.

Ainsi paniquait-il, du moins, sentait-il le monde se dérober sous ses pieds alors qu'il exécrait la sensation de voir la situation lui échapper. Le contrôle et la liberté étaient deux règles fondamentalement défendues et sur le coup, il se sentait pressé pour renier l'un ou l'autre bien que s'il renonçait à son indépendance, il perdrait forcément le fonctionnement d'une petite vie frivole. Sa mâchoire se crispa tandis qu'il expirait, se détournant lentement du plus âgé alors qu'il tentait désespéré de reprendre ses esprits, de ne pas se laisser attirer vers le fond. D'une oreille lointaine bien qu'attentive, il l'écoutait bien que ce n'était toujours pas un discours qui lui plaisait. Toujours la même chose, comme si l'ami qu'il avait eut se transformait en une petite adolescente effarée. C'était quoi son problème ? N'étaient-ils pas censés se ressembler ? Se comprendre ? Et là ça lui prenait, de tout faire capoter parce qu'il avait peur. Le brun secoua la tête avant de reporter à nouveau son attention sur Keith, la paume de sa main allant s'écraser à quelques centimètres de son visage. Il aurait bien eu envie de le frapper lui plutôt que ce pauvre mur qui n'avait rien demandé.

- Et si on installe une base permanente ? Tu as peur d'y prendre goût, bien, soit, ça n'a pas besoin de n'être qu'une nuit tant qu'on ne s'attache pas. Tu n'as pas même pas besoin d'appuyer sur un bouton parce que tu ne développeras aucun sentiment, on le sait tous les deux, ce n'est pas possible. Ensuite, respire un bon coup parce que tu sembles en avoir besoin. On ne peut pas parler d'erreur sans même avoir essayé.

Il fronça les sourcils, inclinant la tête tout en fixant d'une manière appuyée. Ça semblait dérisoire, partir dans une conversation pareille alors qu'il n'avait été question que de quelques heures à tuer. Et tout de suite ça avait été les grands délires, les sentiments et les après, de grands basiques auxquels Virgil n'avait jamais songé parce que les autres mecs ne lui avaient jamais fait un scandale pareil.

- On va faire ça autrement. Oublie deux minutes tes hormones de gonzesse scandalisée, oublie ce qui pourrait se passer après qu'on l'ait fait, oublie même le fait qu'on soit ami. Lâche toi et écoute simplement ton corps, est-ce que ça te plairait ? Parce que d'instinct, je dirais que oui. Tes pupilles sont dilatées et tu ne t'es pas opposé quand je t'ai embrassé.

Déclara-t-il sans briser le contact visuel, approchant ses lèvres à quelques centimètres de celles du plus vieux.

crackle bones

You wanna be high for this.

La main de Virgil s’était écrasé contre le mur derrière moi…Quoi maintenant il allait se mettre à me frapper ? Je le savais violent sur les bords, mais il fallait qu’il se calme. Et moi aussi d’ailleurs il fallait que je me calme, j’avais l’impression d’être un prisonnier qu’on emmène à la chaise électrique. Stressé, effrayé, triste.

- Et si on installe une base permanente ? Tu as peur d'y prendre goût, bien, soit, ça n'a pas besoin de n'être qu'une nuit tant qu'on ne s'attache pas. Tu n'as pas même pas besoin d'appuyer sur un bouton parce que tu ne développeras aucun sentiment, on le sait tous les deux, ce n'est pas possible. Ensuite, respire un bon coup parce que tu sembles en avoir besoin. On ne peut pas parler d'erreur sans même avoir essayé.

« Tant qu'on ne s'attache pas. » Mais il est complètement con en fait ! Si le destin du monde reposait sur l’intelligence de ce mec, on serait fichu ! Là était tout le problème !!  L’attachement !  Il a rien compris, putain ! Les « Sex friend » ce n’est jamais bon ! Ça finit toujours mal, enfin bon, vu l’état des choses, est-ce que ça peut vraiment tourner plus mal ?  Et qu’est-ce qu’il entend par le fait que je ne développerais pas de sentiment ? Putain je le déteste ! Et c’est un abruti profond, bien sûr que c’est une erreur ! C’est comme dire que l’arsenic n’est pas du poison ! Il croit quoi ? Que cette histoire va bien tourner ? Je serrais les poings.  L’envie d’enfoncer mon poing dans son visage parfait se faisait ressentir de plus en plus à chaque secondes qui passait. Il me prend pour qui ? Un robot ? Je pourrais carrément m’attacher à lui ! La mâchoire serrée j’essayais de retenir la colère que j’éprouvais envers lui. Personne ne lui avait donc appris à fermer sa gueule ?

- On va faire ça autrement. Oublie deux minutes tes hormones de gonzesse scandalisée, oublie ce qui pourrait se passer après qu'on l'ait fait, oublie même le fait qu'on soit ami. Lâche toi et écoute simplement ton corps, est-ce que ça te plairait ? Parce que d'instinct, je dirais que oui. Tes pupilles sont dilatées et tu ne t'es pas opposé quand je t'ai embrassé.

Je respirais un bon coup comme il me l’avait conseillé plus tôt, le sang tapait dans mes tempes, ma tête me faisait mal alors que je n’avais même pas utilisé mon pouvoir.  Maintenant il me traitait de gonzesse, ce qui, vu ma réaction était légitime mais putain, on n’est pas tous des espèces de robots, qui sont incapable de ressentir quoique ce soit !

Le pire dans tout ça, c’est qu’il avait raison, j’avais envie de lui. Et de le frapper.  J’aurais dû me douter que faire ami ami avec ce gars-là allait mal tourner pour moi. Demain, il aura perdu le seul ami qu’il avait, au moins, moi, j’ai une famille, je ne serais pas seul. Mais vu que monsieur Virgil ne ressent rien, ça ne devrait pas lui poser de problèmes…

-Tu seras probablement heureux d’entendre que tu as raison, mais contrairement à toi je ne suis pas un robot ! Oui Virgil ! Les gens normaux ont des sentiments, et je ne déroge pas à la règle ! Mais tout ça, ça te passe au-dessus de la tête, alors ce n’est pas grave ! Allons-y, allons coucher ensemble si ça peut te faire plaisir, après tout ce n’est pas comme s’il y avait quoique ce soit à sauver maintenant !

Je l’attrapais par le col de son T-shirt et l’embrassais. J’en avais marre, j’abandonnais le combat ! La « gonzesse scandalisée » sortirait de sa vie à la seconde où tout ceci serait terminé, en espérant qu’il sera satisfait. Je n’ai de temps à perdre pour quelqu’un qui pense que je suis un robot. J’avais tout de même envie de pleurer  et de lui crier dessus, le frapper, lui dire que je le déteste.