MY LAB IS THE ONLY PLACE WHERE I REIGN AS QUEEN

keith & jude.

Vous savez quelle est la pire manière de se faire réveiller? Par un alarme! Je déteste ce son strident et, aux dires de certains, devrait me rabattre sur la musique. Cependant, je me connais très bien; il m’est impossible de me réveiller au son d’une chanson. Je m’endormirais que plus facilement. C’est pour cela qu’à la place, j’attends le départ hâtif de ma mère avant de mettre de la musique dans toute la maison et me déhancher pour bien me réveiller, un bon petit déjeuner en main et la télé allumée. Mes premières 30 minutes se passèrent sur le sofa, à écouter les nouvelles. Une fois que je terminais mon bagel, je me levais et me déplaçais jusqu’à la salle de bain. C’est là que je perds au moins 45 minutes de ma vie à tous les jours. Bah quoi, il faut être présentable, même pour rester coincée dans un laboratoire toute la journée. Après m’être vu dans le miroir et m’être jugée prête à affronter le monde, je descendis au premier étage, me fis un bon café et prépara mon lunch ainsi que mon sac. Une fois que tout était fait, je pris les clés de la maison et sortis de la maison sacs et tasse de café en main.

Le trajet vers l’hôpital n’est pas très long, si ce n’est du trafic matinal. J’essaie donc de garder mon calme dans toute cette folie, gardant pour moi mes nombreuses critiques sur les gens qui courent de partout. Une fois arrivée devant l’édifice, je vis l’habituel; des ambulances, des médecins, des infirmières … et des malades. Ouais, sans eux, on serait rien, mais je jure, à voir la tête de certains membres du corps médical, qu’ils nous mettent les nerfs à vif parfois. Sur cette pensée, je fis mon chemin jusqu’à la grande entrée de l’hôpital et fut accueillis par gémissements, cris et plaintes en tout genre. Ahh, cette musique si familière à mes oreilles. Mon appréciation pour tout ce vacarme s’arrêta lorsque j’entendis ma très chère et fidèle amie Samantha. Infirmière depuis plus de 8 ans, elle en avait probablement vu de toutes les couleurs. Elle me sourit et me dit : « es-tu prête pour une autre journée déjantée? » Elle savait comment garder la bonne humeur, celle-là! Rigolant à sa blague mais me dirigeant également vers l’ascenseur, je lui répondis : « déjantée? Mais qu’est-ce que ce mot? Je ne crois jamais l’avoir entendu un hôpital. C’est le calme et la sérénité ici! » Je l’entendis rire alors que les portes se fermaient sur les urgences. Elles ne s’ouvrirent qu’à l’étage des salles de laboratoire. Je me précipitais vers ma salle et, une fois à l’intérieur, alluma les lumières et déposais mes sacs. Je me déplaçais ensuite vers les machines et les ordinateurs que j’allumais également. Je pris place sur ma chaise, mes yeux se braquant sur la pile de dossiers reçus. Je soupirais devant tout ce travail et pris une petite gorgée de mon café avant de me faire interrompre. Dr Miller ? Oui, c’était bien moi. Mais je ne recevais que très rarement des visiteurs. Replaçant mes lunettes, je me levais et me dirigeais vers l’homme qui continua son discours. Bonjour, je fais parti de la police, j'aurais besoin d'un échantillon de sang, on m'a dit qu'ils venaient tous ici, celui de la chambre 322 ! Étrange. Un policier ici, sans que cela ne soit Ethan? « Jude, Jude Miller. Tout le monde m’appelle Jude, ça fait moins … ‘vieux’, moins administratif que ‘Dr Miller’. Un échantillon de sang? Bah écoutez, donnez-moi deux secondes, je viens tout juste d’arriver. J’vais aller faire un tour dans les documents qu’on a déposé. » Je me retournais vers les dossiers et commençais à farfouiller avant de m’arrêter. Je me retournais vers lui et dit : « J’ai pas cru entendre votre nom. Vous êtes? Et suis-je en droit de voir votre badge, mon très cher policier sans nom. » Il y avait quelque chose qui clochait ici, et ce n’était certainement pas mon manque de caféine.

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S’il y avait quelque chose que ma mère me reprochait souvent, c’était d’être un peu trop direct avec les gens. Elle ne comprenait pas que c’était ma carapace, ma protection, mon seul moyen de défense. Moi, l’enfant solitaire qui avait été la risée de bien des élèves par mon look … unique, je me rebellais maintenant en rétorquant d’une manière sèche. C’est ce que j’utilisais en ce moment avec l’homme qui se trouvait dans MON laboratoire. L’homme qui, étonnamment, se présenta. Llywellyn Smith? Prénom assez farfelu et nom de famille générique. Soit il venait d’inventer quelque chose sur le coup, ou alors ses parents ne l’aimait pas du tout … ou peut-être qu’ils l’aimaient un peu trop, qui suis-je pour les juger. J’attendais toutefois le badge avant de poursuivre mes recherches parmi les dossiers. Il prit un temps fou avant de me passer une carte en mode flash photo. Eh oh, il croyait que j’avais la vue de qui? Mes lunettes en disent long sur mes problèmes de vision. Je me gardais de lui dire mon arrière-pensée, surtout lorsqu’il me sourit. J'espère que vous ne vous attendiez pas à une plaque toute dorée, je ne suis qu'un analyste ! Hein? Il avait pas dit qu’il était policier? Il y avait anguille sous roche. Je ne voulais cependant pas qu’il remarque mon hésitation. Je jouais donc la carte de la naïveté. « Ah, mais oui, quelle tête en l’air! Les analystes … les policiers, pour moi c’est du pareil au même. » Il allait amèrement regretter son choix de venir ici. J’ai l’air d’une vraie perdue, mais j’ai un QI probablement plus élevé que le sien. J'ai le droit d'avoir mon échantillon de sang, on est sur une enquête importante ! Mais c’est qu’il est pressé, ce jeune homme! Il fallait que je le retarde, du moins jusqu’à ce que mes doutes sur Llywellyn soient fondés. « On se calme! J’suis pas une machine, malgré ce qu’on peut croire. Je fonctionne pas à la cadence des autres. Et puis je sais pas si t’a remarqué, mais sur la porte, il est écrit ‘laisser son ego au vestiaire’. Ici, c’est mon labo, c’est moi qui fais tout le sale boulot, qui passe des journées de fou devant des écrans et des machines. S’il y a bien une chose ici, c’est que c’est MON monde, pas le vôtre. Comprende, amigo? » Je me laissais emporter par ma rage, mais je profitais de la situation pour envoyer un message à Ethan et de lui demander un peu plus d’informations sur un certain Llywellyn Smith. Quoi, ça sert d’avoir un policier dans ses amis.

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Mon niveau de colère était maintenant redescendu à zéro. Mais il me fallait boire un peu de mon café, question que mon manque de caféine ne m’affecte plus autant. Je laissais donc traîné mon cellulaire sur lequel se trouvait mon message envoyé à Ethan et pris une énorme gorgée de café. Pourvu que Llywellyn, si c’était son vrai nom, ne me parle plus aussi brusquement. Je réagissais très mal quand mes supérieures me donnaient des ordres alors qu’elles restent toute la journée à sortir dans les magasins et les réunions importantes. Je me perdis ainsi dans mes pensées, oubliant presque que je n’étais pas seule dans le labo. Toutefois, je retombais sur terre lorsque je remarquais, du coin de l’œil, l’analyste s’adosser au mur. Mes yeux se fixèrent sur lui et c’est alors que je vis qu’il saignait du nez. Mon dieu! Je me précipitais vers lui, lui déposant ma main sur l’épaule, inquiète de sa santé. C’est alors qu’il passa aux aveux. Ok, je suis pas flic, je suis pas non plus analyste. Bon, c’était un départ prometteur. Il faut dire que son coup de carte volante, ça ne marchait pas vraiment avec moi. Je pouvais donc respirer un peu mieux sachant que le jeune homme était prêt à m’avouer qui il était vraiment et pourquoi il était ici. J'ai juste vraiment besoin que cet échantillon ne soit pas analyser, c'est mon sang, ma propriété c'est juste que, si vous analyser mon sang, et révélez ce que vous trouvez, ils vont prendre mon fils, et il est hors de question que je les laissent faire ! Il semblait avoir de la difficulté à parler. Je pris alors son pouls pour être sure qu’il ne soit pas sur le point de mourir. Avait-il de la fièvre? Non, mais il semblait vraiment fatigué, maintenant que je me trouvais si près de lui. S'il vous plaît ! Soyez gentille, je veux pas d'emmerdes ! Voilà ce que je souhaitais entendre. Ça à l’air mesquin, dit comme ça, mais c’est quand les gens supplient qu’on voit réellement le désespoir dans leurs yeux. C’est une émotion bien trop humaine, et ça m’indiquait que, tout comme moi, il se cache cette partie de lui, plus … sensible.

Ne le quittant pas du regard, j’agrippais une chaise non loin afin qu’il s’assoit. Je n’étais aucunement médecin, donc je ne pouvais pas lui apporter les mêmes soins qu’aux urgences, mais je pouvais tout de même le conseiller, lui parler, afin de mieux comprendre la situation. « Désolé, je ne voulais pas vous brusquer. Ma mère me le dit souvent : t’es pas du monde quand tu deviens agressive. » Je lui souris et, prenant également place sur ma chaise habituelle, je le regardais droit dans les yeux avant de continuer. « Je comprends mieux pourquoi vous êtes pressé. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans votre vie personnelle, mais croyez-moi, si jamais la ‘perte’ de cette analyse de sang vous permet de garder votre fils près de vous, je ferais tout mon possible pour que les résultats … disparaissent. » Normalement, c’était contre mon étique de travail, mais vu la situation de l’homme devant moi, j’allais faire une exception. « Dites-moi, ce saignement de nez … êtes-vous aussi en phase terminale? J’veux dire, est-ce que vous avez une tumeur au cerveau? » Ça peut paraître ridicule, mais vu mon cas, si je trouvais quelqu’un qui était dans la même situation que moi, peut-être pourrais-je lui parler du sérum. Je me levais deux minutes pour aller chercher une bouteille d’eau dans mon petit frigo, et revins la lui donner. « Et pour les introductions, j’dois encore vous appeler Llywellyn ou est-ce que c’est le prénom qui venait avec la fausse carte d’analyste? » Un peu d’humour pour alléger la situation, c’était toujours de mise.

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Maintenant que je ne sentais plus le besoin d’être agressive avec l’homme devant moi, je pus prendre mon temps et mieux apprécier sa présence. Il ne voulait pas jouer les emmerdeurs, il n’avait en fait envie qu’une seule chose; garder son fils près de lui. Il devait en avoir vu des mûres et des pas mûres pour en venir à de tels gestes. Se faire passer pour un analyste dans un laboratoire d’hôpital où on avait accès à des gardes de sécurité en tout temps, c’était très risqué. Mais le faire pour que les services sociaux ne lui prennent pas son fils, alors là, moi j’appelle ça du courage. Venant moi-même d’une famille où le père a pris ses jambes à son coup, laissant derrière une jeune mère qui ne savait comment prendre soin d’un enfant, je serais même tentée de dire qu’il est un modèle pour plusieurs figures paternelles. Voilà pourquoi j’avais si facilement accepter de falsifier les résultats de ses analyses. À en voir sa réaction, je lui avais enlevé un poids des épaules. Toutefois, il faudrait qu’il fasse attention, car je ne serais pas toujours celle qui aurait ses tests, s’il revient faire un tour à l’hôpital. Il y en a d’autres, technologistes, et ceux-ci sont bien plus enclins à suivre les règles à la ligne. Mais bon, il semblait si content, je n’allais pas lui faire part de mes préoccupations. Je me faisais toujours un peu de soucis quant à sa santé physique, jusqu’à ce que je remarque que sa respiration redevenait normale. Ouf! Je n’aurais pas à appeler qui que ce soit pour venir m’aider.

Puis vins la conversation que je détestais le plus. Celle qui tournait autour de mon état de santé. Je n’ai jamais été du genre à me plaindre pour quoi que ce soit, alors quand je parlais à ce jeune homme, ou devrais-je dire, Keith, de son vrai nom, de ma tumeur, je croyais sincèrement qu’il était dans les mêmes sales draps que moi. Quelle ne fut pas ma déception de l’entendre dire qu’il n’avait pas de tumeur, simplement des migraines, malaises et saignements de nez. Bon, ‘simplement’ n’était pas le mot approprié, mais ses symptômes sont contrôlables avec un bon suivi médical. Moi, en revanche, j’avais une épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête. On pourrait même parler d’une bombe pouvant exploser en tout temps. Vous ne pouvez pas vous faire opérer ? Il dois bien y avoir quelque chose pour vous soigner non ? Ah! C’est la question qui revient à chaque fois. Il doit bien exister un remède miracle qui vous sauvera la vie. Tout retombait sur ce sujet, cette question qui me hante à chaque fois que je me couche. Pouvais-je lui en parler? Après tout, ce que j’allais révéler ne devais pas être pris à la légère. Oui. Je peux lui faire confiance. Il m’a tout avoué, même s’il courrait le risque que je téléphone à la sécurité. Je pris une grande inspiration et lui fit part de mes craintes les plus secrètes.

« Vous savez, c’est horrible que je dise ça mais cette question revient tout le temps. On pourrait dire qu’elle fait partie du baratin habituel. » Je ne savais pas trop comment commencé à parler du sérum, mais décida de continuer. « Je ne peux malheureusement pas me faire opérer. Selon les médecins la tumeur se développe trop rapidement et est susceptible de se propager dans les tissus environnants. Ils n’y auraient pas de fin aux opérations, et ils disent que c’est un traitement trop inhumain. J’ai essayé plusieurs traitements expérimentaux, mais ils n’ont pas fonctionné. Je n’ai donc plus vraiment d’option. Sauf, peut-être une … mais elle n’est pas sans risque. » On embarquait dans la partie plus difficile de la conversation. « Je crois que vous savez de quoi je vous parle. Le sérum. Ce truc qui donne des pouvoirs à certains, et à d’autres, cause la mort. J’ai … j’ai peur. Ma mère me dit souvent que de courir le risque est mieux que de vivre au jour le jour. » Je le regardais droit dans les yeux avant de terminer. « Et vous, est-ce que vous connaissez quelqu’un qui a pris le sérum? Cette personne a-t-elle survécu? »

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